La stratégie dans les jeux

Pourquoi des jeux de stratégie ?

Au programme de cette séance : les jeux de stratégie. Pour Ludeo en effet, ceux-ci peuvent être mis en parallèle avec l’apprentissage de compétences en milieu scolaire. En mathématiques, par exemple, il faut apprendre une méthode, prendre en compte différentes données du problème et mettre ensuite en place une réflexion pour les ordonner. C’est finalement un peu le principe du jeu de stratégie : une fois les règles expliquées, il faut réfléchir à l’objectif que l’on veut se fixer, choisir et ordonner ses actions afin d’atteindre son but. Pratiquer ce type de jeu, c’est, d’une certaine manière, aider l’élève à mobiliser et organiser les ressources qui sont à sa disposition. Une fois les compétences apprises dans un contexte ludique, il est ensuite éventuellement possible de les transférer au milieu scolaire.

Oui mais quels jeux ?

Les animateurs en écoles de devoirs ont ensuite participé à un petit test. Au centre de la table, différentes boîtes de jeux : petites et grandes, épurées ou austères, récentes ou plus anciennes,… Leur but ? Remettre ces jeux dans l’ordre, du plus stratégique au moins stratégique et ce, sans regarder le matériel à l’intérieur des boîtes.

Quelques commentaires croustillants ont été émis car, évidemment, l’apparence de certaines boîtes suscitait réflexion… et préjugés ! Et ce sont précisément ces sentiments, ces émotions, que nous souhaitions mettre en lumière auprès de nos participants.

En effet, dans le cadre de leur pratique professionnelle, ils pourraient être confrontés à des enfants ayant le même type de réactions. Si l’enfant « ne se retrouve pas » dans la boîte, il peut avoir peur et ne pas avoir envie de jouer au jeu. Plus percutant encore, certains termes sont « effrayants » pour les participants. Ainsi, lorsque nous avons annoncé que nous allions jouer à un jeu « de stratégie », certains de nos animateurs ne se sont pas sentis à l’aise. Il est intéressant de noter que les enfants pourraient avoir le même sentiment et qu’il est parfois nécessaire d’adapter son vocabulaire pour amener les choses comme on le souhaite : l’inconnu apporte son lot d’expériences.

Appréhender la difficulté

Comme nous l’avons dit précédemment, parler d’un jeu « de stratégie » peut parfois faire peur à l’enfant ou à l’adulte qui va jouer. La difficulté semble brusquement insurmontable, avec le sentiment que ce genre de jeu « n’est pas fait pour soi » et que « on y arrivera jamais ». Il est nécessaire de détricoter ces émotions avec empathie et bienveillance et surtout de comprendre le fond du « problème ».

Pour Ludeo, le jeu doit s’inscrire dans une pratique régulière. Ainsi, l’enfant pourra jouer, perdre, recommencer et progresser, tout comme l’apprentissage de compétences doit ou devrait le permettre. En comprenant cette logique de je recommence « pour m’améliorer », « pour faire mieux », « pour battre mon propre score », on peut transmettre à l’enfant le plaisir de recommencer un problème mathématique ou une interrogation à l’école, endiguant ainsi la spirale de négativité et perte d’estime de soi.

Jeu de hasard ou jeu de stratégie ?

Il n’est pas rare de voir des jeux où l’on demande aux enfants de lancer un dé… et d’appliquer simplement le résultat de celui-ci.

Mais l’enfant, dès 4 ans, ne serait-il pas déjà un individu qui peut faire des choix ? Rouge ou jaune, gauche ou droite, un fromage ou une marguerite : l’enfant peut choisir des options dans le jeu. Et s’il perd en fin de partie, nous, parents, animateurs, éducateurs, pourront lui expliquer le pourquoi du comment : « ce choix n’était peut-être pas le meilleur », « la prochaine fois tu feras peut-être plutôt ce choix ».

Grâce à ces précisions, un enfant peut arriver à comprendre sa défaite, à l’intellectualiser et même à retenir les choix « à ne pas faire » pour la prochaine partie. Là où un jeu de hasard est finalement beaucoup plus punitif : l’enfant lance le dé et subit l’action : prendre un jeton vert alors qu’il a besoin d’un jaune, rendre un jeton fromage alors qu’il faut en avoir le plus possible à la fin de la partie…

Le hasard et par définition, le manque de contrôle, empêchent l’enfant d’accepter sa défaite. Le seul sentiment qu’il lui reste est celui d’injuste et d’insécurité à un moment donné de sa vie où tout ce dont il a besoin précisément est de repères et de sécurité.

L’attitude de l’animateur

Les participants ont ensuite joué à plusieurs jeux : Trails of Tucana, Pikomino et Splendor. Chaque jeu a été l’occasion d’aborder certains points d’animation. Faut-il par exemple être exhaustif au niveau des règles, au risque de perdre une majorité de joueurs dans les explications ? Faut-il donner des manières de jouer, des exemples de stratégies ou faut-il plutôt les enfants se débrouiller ?

Il est très intéressant d’analyser la manière dont les participants perçoivent les règles, osent ou n’osent pas poser des questions s’ils n’ont pas compris quelque chose, adaptent leur manière de jouer en cours de partie, puisque ce sont des attitudes et des émotions que peuvent ressentir les enfants lors des animations. Il faut alors mettre en confiance les plus hésitants, rassurer ceux qui ont peur et parfois freiner les ardeurs de ceux qui ont tout compris au premier coup afin de permettre au groupe de passer un moment ludique intéressant, tous ensemble.

En conclusion

Les participants étaient très motivés et prenaient part aux échanges et aux débats afin d’exprimer leurs avis et leurs expériences mutuelle. Cette matinée de formation leur a permis de mieux appréhender la manière d’amener le jeu de stratégie auprès des jeunes dont ils s’occupent, de prévenir les éventuelles barrières que ceux-ci pourraient poser et apportent des pistes pour les écarter.

Merci à ce chouette groupe dynamique et volontaire pour ce moment enrichissant !